L'année 2012 est terminée, elle a été riche en évènements, rebondissements, gesticulations, effets de manche.
Et pour suivre le rythme il aurait fallu écrire un billet hebdomadaire. Mais voilà la vie en a décidé autrement et pour moi cela a plutôt été un passage à vide. Des problèmes de santé graves touchant quelqu'un de très proche m'ont mis moralement sur la touche. Dans ces moments-là, on se met à relativiser, à se demander ce qui est important, ce qui restera. Je me suis donc moins impliqué qu'à l'habitude au point qu'on me l'a reproché et même évincé de certaines structures.
Depuis, au sein du microcosme de la pêche, j'ai retrouvé ma place. La seule qui m'importe, celle d'un homme libre de sa parole et de ses idées. Et, souvent je me plais à rappeler à tous ceux qui cherchent le pouvoir et les honneurs qu'ils ne laisseront pas leur nom dans l'histoire du monde maritime en répétant à outrance à leurs électeurs ou collègues, ce qu'ils veulent entendre uniquement pour se faire bien voir !
Plus inquiétant, l'expression qui caractérise 2012, c'est "on régresse". Dans la bouche de tous, la saison de coquille 2012/2013 est une saison pourrie. En criée le prix des poissons et des coquillages a chuté.
Bref, 2012, annus horribilis !
Où élections riment toujours avec pièges à cons :
En début d'année, les élections professionnelles ont mis en place les nouvelles structures. Exit les "comités locaux", vive les antennes régionales ou Comité Départemental des Pêche (CDP). Dans le Calvados nous avons donc opté pour un CDP. La formule d'une structure autonome vis-à-vis du CRPM, disposant de moyens propres et reconnue par les pouvoirs publics me paraissait une bonne chose. En effet le CRPN dont le siège est à Cherbourg est plus présent dans le 50 que dans le 14, plus de permanents sur le terrain, plus d'animations. Depuis je doute ! Je doute sur le budget, je doute sur les motivations, je doute sur le message vendu avec : "cela ne changera rien, tout restera comme avant". D'autres considérations avec le futur parc éolien et sa manne financière ont certainement pesé sur le choix de cette formule.
C'est donc Paul François Président de la FFSPM (fédération de syndicats de pêcheurs) qui a pris sans surprise la tête du CDP. Les surprises étaient ailleurs puisque certains se sont retrouvés sur la touche, après le vote. D'autres comme moi ont dû se satisfaire de poste de suppléants pour de sombres histoires de choix entre le régional et le départemental. Ce qui n'empêche pas de me faire engueuler quand je ne viens pas aux réunions !
Daniel Lefevre à gauche qui a remis le Mérite Maritime au militant écolo Jacky Bonnemains...
Au CRPM, c'est Daniel Lefèvre qui a repris du service pour un 3ème mandat. Le mandat de trop ?
Avec Daniel, militant socialiste, le changement ce n'est pas maintenant ! Son programme est toujours le même "Ouhai les gars on a du boulot, avec les problèmes d'environnement, on en a encore plus, alors on va continuer".
Les "de mon temps on n'avait pas besoin de se faire chier avec ça", devenus depuis les "pour mon garçon" ont eu du fil à retordre puisque la limite d'âge est de 65 ans, c'est vrai qu'avec une retraite à 55 ans certains "retraités" commençait à radoter. Même si sur le papier apparaissent quelques nouvelles têtes, on ne note aucun changement significatif. Le groupement qualité que je préside, NFM, n'a toujours, malgré les promesses, aucune place officielle.
La valorisation serait-elle définitivement le parent pauvre de la gestion des ressources marines ?
Gérard Romiti nouveau président du CNPEM
Au national, PG Dachicourt alias "Mister Good Fish" a pris "sa pouc". Qu'il amène avec lui Hubert² et qu'ils aillent ensemble faire de la promo pour
Pavillon France dans les supermarchés en bottes et cirés. Rien ne vau le terrain, près du "consom-acteurs" !
PGD est moi cela n'a jamais été le grand amour, trop proche du ministre, trop proche de sa région, trop proche du Crédit Maritime, confondant égalité et équité. Et donc, surprise, par le jeu des alliances, entre un Larzabal cégétiste et PGD prosarko, c'est donc un corse Gérard Romiti qui a été élu. On le dit indépendantiste ? On le dit rodé aux mécanismes bruxellois ? Je l'ai rencontré à Grandcamp, il m'a dit que j'étais un provocateur, je le prends pour un compliment. On verra si cela fait boom !
Retrouvez toute l'info éolienne/pêche sur http://fishwindmill.blogspot.fr/
Où l'on voit le Consortium Eolien rendre visite aux bons sauvages
Les dés sont jetés ! C'est donc le Consortium composé de WPD et notre copain Brice, EDF, Alstom, Dong Energy, Nass et Wind qui a été désigné par le ministre, non regretté, Eric Besson. Les choses vont donc s'accélérer et on va voir de nombreuses études pseudo scientifiques se mettent en place avec le concours de pêcheurs grassement indemnisés. On a déjà connu ça avec les extracteurs de granulats, l'étude de leur panache sédimentaire au moment de l'extraction, un beau moment de science, du baratin pour hypnotiser les pêcheurs. Sur le littoral tous rêvent à la taxe professionnelles et ses 2M, mais patience jusqu'en 2017 pour savoir ce qui redescendra de Paris
Béatrice a donc pu enfin comprendre qui était marié avec qui. Soupçonnant des unions contre-natures, des enfants illégitimes, des adoptions illégales. Bref une vraie militante de Civitas. Sous il amusé du chef de projet, on débat à coup de milliard d', on fait des choix d'ancrages, mono pieu ou jackets ? On définit le trajet des câbles avec une question essentielle, je dirai même existentielle, doit-on définir le parcours puis faire le carottage ou faire le carottage puis définir le parcours, sachant que le parcours le plus court est préférable vu le prix des 2 câbles de ø40 cm ? Réponse après la 1ère réunion du groupe technique "dispositif d'évacuation de l'énergie".
Pour marquer ce grand événement, le Consortium n'est pas venu les mains vides et pacotilles et verroteries ont été distribuées aux bons sauvages. 20 000 pour faire de la com sur nos produits et des petites balises qui font bip bip et qui clignotent quand on tombe à l'eau. Enfin seulement pour les 70 premières demandes et à hauteur de 20% de l'investissement
Où j'avoue n'avoir pas tout dit sur la coquille
Lassés d'aller pêcher au Large et fatigués de voir certains collègues travailler en toute impunité dans des zones fermées les pêcheurs ont décidé d'ouvrir la Baie de Seine, plutôt, le 15 novembre. Pour mémoire le gisement présente une ressource équivalente à 4 fois une année normale, 50% de plus que la meilleure année connue depuis 30 ans. Et que croyez-vous qu'on ait fait, et bien on a augmenté le temps de pêche de 50% 6H plein pot. C'est plus de la pêche, c'est la curée ! Et croyez-vous qu'on a pris l'engagement d'étaler la pêche de toute cette manne sur 2 ans, que nenni. Quand je vous dis qu'on régresse !
Les anglais ont certes pillé notre gisement, ils ont dilapidé ce produit qui va revenir en France aux moments des fêtes à vil prix et d'une qualité exécrable. Notre problème c'est que les 14/16000T de coquilles grattées par les rosbifs, on n'aurait pas pu à court terme les pêcher et les traiter. Ces zones, dites de décortication, sont depuis l'ouverture (françaises) restées fermées pour raisons sanitaires. Il reste donc à certains endroits et dans la Baie de Seine des taches de coquilles très denses qui n'ont été travaillées depuis 2 ans. Et, nous n'avons aucun outil régional, coopératif ou privé pour traiter ces coquilles. Tout juste un petit marché avec un mareyeur caennais caractériel et, la coopérative Granvilmer. Travailler dans ces zones est intéressant malgré un prix au bateau de 2 (descendu depuis à 150) car elles sont très prolifiques ce qui limite énormément les frais (GO). La gestion des heureux élus pour y travailler était faite par l'OPBN par tirage au sort. Mais courant décembre, les Affmars ont délivrés directement des autorisations sur demande d'un mareyeur aussi bien en BN qu'en HN. On assiste donc à un privatisation de la ressource. C'est scandaleux. D'ailleurs alors que la saison dernière tout était encadré, débarque en criée controlée, etc... Maintenant c'est "open bar" on débarque quand on veut ou on veut et sans déclaration !
En raison des apports massifs et journaliers la coquille se vend mal. On peut douter de la nécessité d'envoyer en plus des bateaux dans les zones fermées. Les invendus doivent aller à la décortique !!
On fait une gestion "à la petite semaine" en demandant des fermetures improbables. On maintient la pêche dans une forme de fatalisme "ça se vend pas, qu'est-ce que vous voulez qu'on y fasse". Alors les pêcheurs se démerdent pour arrondir leur fin de mois, ventes directes, noix à bord, trafic de produits sous taille, un peu de fraîche pour les fêtes, ça fait toujours plaisir aux équipages
C'est ça, aussi, la pêche artisanal du 3ème millénaire.
Pavillon France nous a mis un visuel avec un "coquillard artisanal" modèle UK...rectifié depuis !! ;o))
Les méventes, retraits, surproductions, marché parallèle, tout était prévisible. Nous sommes victimes des décisions irresponsables prises en Commission CSJ avec l'aval des élus et de ladministration contre l'avis scientifique suite à la campagne Comor. On a laissé le productiviste prendre le dessus. Toujours le même leitmotiv destructeur "Il faut laisser les bateaux pêcher", on a ressorti aussi l'argument sécurité avec un temps de travail court.
Je reste sur mes positions, suppression des quotas, gestion du marché par seulement l'effort de pêche en temps. Avec à la clé des économies pour l'Etat avec le financement d'une surveillance aérienne par les pêcheurs (idem St Brieuc).
Pourquoi on se prive depuis des années d'un vrai débat sur la coquille en Manche Est ?
Pourquoi, par 2 fois, on a mis aux oubliettes 2 audits sur la CSJ ?
VMS et AIS sont de formidable outil de contrôle, qu'en fait-on ? Rien !
Trop de messages et d'idées récentes sont contradictoires avec une bonne gestion.
Passé cette année exceptionnelle, il sera nécessaire de redéfinir l'effort de pêche en Baie de Seine en diminuant le nombre de bateaux ce qui n'a pas été fait lors des plans de sortie de flotte successifs. Tout ça demande un peu d'audace et, si les coquilles ne manquent pas, élus et administrations manquent cruellement de courage.
Où lon nous assène que cest le consommateur qui fait le marché
MCM nous a conviés à une grand-messe à Paris à bord dune péniche. Objet du débat de quoi nos grands acheteurs ont besoin ? Une pêche certifiée est-elle un bon argument de vente ? Le cynisme de la réponse en dit long sur la volonté des industriels à intégrer les avantages dune pêche durable et responsable ». M. OSO nous annonce que cest la crise, que si cest trop cher ici, on ira le chercher là-bas, que si la dame veut de la crevette à 0.99 on lui fera de la crevette de merde dans des conditions sociales et environnementales déplorables. Norge, etc
, nous ont fait prendre un grand bol dair avec des présentations touristiques, eau pure, air pur. Charles Braine aka Charlot passé de WWF à la très petite pêche côtière nous a expliqué quà la criée son mulet nétait pas valorisé et quun copain restaurateur qui lui paye des coups en fait de délicieux céviche. Vive les circuits courts ! Il na pas été très disert sur ses marées à la coquille. Avec sa petite chaloupe pontée, il a compris le fossé quil y avait entre un bateau de 30 ans dans son jus et un 12m récent, moderne et fortement motorisé. La petite pêche a bien des visages ! La pêche idéale serait alors bipolaire, quelques très petits bateaux armés par des biknics, zigzaguant dans les champs éoliens, et à lopposé, une flottille de très gros ships sur des pêches dirigées avec caméras embarquées et tout larsenal proposé par la Commission.
Arnauld médusé a fait une conclusion abracadabrantesque
Où lon va carrément au clash
Où est la police des pêches ? Où sont nos coastguards ? Qui met un peu dordre dans la maison, qui laisse faire depuis louverture du 1er octobre ? Alors quon a su contrôler les pilleurs anglais, pourquoi le respect des zones de décortication a-t-il été aussi laxiste ? Ce laisser-aller depuis louverture est en partie responsable de nos problèmes de marché. Et, tout dun coup patatras ! Voilà une dizaine de bateaux interpelés dans la zone ASP ! Pêche saisie, analyse en cours, suspicion de mise en danger de la vie dautrui. Autant de publicité dont on se serait bien passé. Je me demande comment mes collègues ont pu aller se fourvoyer dans un pareil merdier. Jai même un peu honte, on parle là dalimentation, de risque sanitaire, dun produit quon met dans « la bouche de nos enfants ». Au-delà des sanctions individuelles, cest surtout lensemble de la profession qui retient son souffle car la menace de fermer ou de classer tout le gisement en « ASP » est bien réelle.
Où lon va se promener à Bruxelles, enfin non, voir le député Cadec
Passage obligé avec la crise de la coquille, aller à Bruxelles « porter le poids » le pé en patois portais. Un bouillonnant élu UMP de Bayeux nous a donc organisé cette entrevue. Jen ai profité pour faire esquisser un petit sourire sur le visage façon Snoppy dAngela. Bon, on a bu des bières, le député nous a reçu en copain, on se tutoie, on fait des bonnes blagues machistes, le député vanne sa blonde et filiforme secrétaire, on sest pris en photo avec une grosse morue
, on a bu un coup, le député a pris les commandes, il fait ça très bien, on a fait des images avec une télé norvégienne mais pas de son, le député nous a déconseillé de répondre à une interview, on pourrait nous faire dire nimporte quoi
, nous les ploucs, le député nous a proposé un « gentleman agrement » cest bien ça, cela ne coute rien, on fait tout le boulot, ça sert pas toujours à grand-chose, le député nous a pris en photo, enfin son assistante blonde, qui fait que des photos de pieds avec un put
dapn numérique qui lui a couté 350. Jai caché mon Nikon, pas de signes extérieurs de richesse devant un député sans le sou.
Par contre en regardant laffichette sur le bureau de Dany, je me suis dit que pour un jeune retraité, voilà un job qui va bien
Où je confesse le cumul des mandats
Le président de la commission régionale CSJ a démissionné. A l'occasion d'une nouvelle élection, j'ai proposé ma candidature. Ce n'est pas le moment le plus facile. Il faut mettre de l'ordre dans la gestion de l'ASP. Trouver un moyen d'arrêter tous ces retraits/destructions scandaleux, faire remonter le prix moyen et fermer la baie de Seine pour laisser grossir les csj et arrêter de dilapider à 2 ce qu'on a de plus beau. Il est toujours un peu rageant de faire d'un bord la promo et le travail de valorisation avec Normandie Fraicheur Mer et de l'autre ne pas pouvoir réformer les règles de production avec le Comité Régional. Avec la présidence de la Commission CSJ de BN, je peux dire "le changement c'est maintenant", avec humilité !!
1er couac...La presse a fait ses choux gras de la rébellion de certains petits pêcheurs à l'annonce de la fermeture. Pas évident de convaincre, malgré une consultation écrite de tous les pêcheurs. Je comprends leurs doléances, mais nul ne peut ignorer qu'avec le nouveau système de quotas attachés au bateau et non plus à l'homme, les plus petits bateaux ont bien profité de la manne de début de saison. La conjoncture a été décisive, et lAdministration a tranché.
Le petit effort de fin de saison sera un investissement pour l'avenir.
Le courrier adressé à tous les pêcheurs ici